Rond et Rayonnant

L’œil alerte, l’oeil vif, l’œil à l’écoute du monde extérieur:
La cornée en compagnie du liquide lacrymal protège des agressions (insecte, poussière ….). Tout en même temps, le duo cornée-cristallin réfracte les images lumineuses afin qu’elles arrivent précisément sur l’espace ultra sensible -la macula-  qui permet la vision centrale : acuité et couleurs. L’iris, comme un grand muscle circulaire, se dilate -ou se rétracte- pour laisser entrer la quantité de lumière appropriée ; la rétine est donc protégée de l’éblouissement par ce mouvement que nous nous appelons  la pupille (cet espace circulaire au centre de l’iris qui s’amenuise ou s’élargit pour doser la luminosité qui atteindra la rétine hyper fine, hyper sensible, outil de haute précision). La rétine vers où convergent les images reçues sous forme d’impulsions lumineuses, la rétine se nourrit de lumière, la rétine est la raison d’être de l’oeil. Derrière l’iris, le cristallin, mille-feuilles transparent, sert de rempart à l’humeur vitrée qui garde notre oeil rond.

L’œil est multiple, l’oeil est magique puisqu’il réagit aux stimuli extérieurs automatiquement, sans intervention de notre part. L’œil est ouvert au monde, ouvert sur le monde … tout en étant aussi vecteur de nos émotions. L’œil au repos en faible luminosité, l’oeil nous ramène à l’égalité : la nuit, personne ne voit net.

L’oeil, cet organe de lumière (dixit Aldous Huxley) est bien ce membre noble, rond et rayonnant dont parlait notre ami oculiste du 13 siècle (cf. l’article Aqua mirabilis du 13 septembre 2022).
Illustration : la Fontaine Sainte-Valérie, dite « la bonne fontaine », abriterait une source miraculeuse, réputée guérir les maladies infantiles, les fièvres intermittentes … et les maladies des yeux. A Chambon-sur-Voueize, en Creuse.
Oublié dans un carnet, ce texte écrit en novembre 2022 donne mon regard du moment sur nos yeux … un regard bien évidemment incomplet sur la fonction de l’oeil.

En parallèle, trouvés au hasard de mes lectures, je partage ces écrits qui rebondissent sur cette notion de cercle, de rond, de vie :

Elan Noir (chef Dakota) : « tout ce que réalise la Puissance du Monde a la forme d’un cercle. Le ciel est rond, et j’ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et qu’il en va de même pour toutes les étoiles. Le vent, quand il est au plus fort, décrit des tourbillons. Les oiseaux construisent des nids ronds, car leur religion est la même que la nôtre. Le soleil entre son lever et son coucher décrit lui aussi un cercle. La lune fait de même et tous deux sont ronds. Les saisons elles-même forment un grand cercle dans leur succession et reviennent toujours à leur point de départ. La vie de l’homme est un cercle qui va de l’enfance à l’enfance et il en est ainsi de ce qui est mû par la force. »

Eustace Conway : « Je vis dans la nature où tout est lié, où tout est circulaire. Les saisons s’enchaînent selon un rythme circulaire. Notre planète en forme de sphère décrit une ellipse autour du soleil. L’eau sur notre terre obéit à un cycle : elle tombe du ciel puis circule en permettant à la vie de se reproduire sur son passage avant de s’évaporer à nouveau. Je vis sous un tipi rond. J’allume du feu en entassant des branches en cercle et, quand mes proches me rendent visite, nous formons un cercle autour du feu pour discuter. La vie des plantes et des animaux correspond à un cycle.…. J’ai pris conscience du cycle de la vie en découvrant le cadavre d’un coyote mort depuis peu alors que je traversais l’Amérique à cheval. La chaleur du désert l’avait comme momifié. Autour de lui poussait une herbe fraîche et verte à l’intérieur d’un cercle luxuriant : la terre se régénérait en récupérant les éléments nutritifs du corps de l’animal. Soudain, j’ai compris que ce n’était pas de mort qu’il était question mais, au contraire, de vie éternelle !…